Quelle est le sens de ma démarche ? Que cherché-je en m'adonnant à ce travail de réflexion et d'écriture sur les relations amoureuses auquel je me livre (et que je vous livre) régulièrement depuis 10 ans ? Quelle est la véritable ambition de mes écrits ? Qu'est-ce qui, selon moi, les singularise ?


I - CRITIQUE DU PRÊT-À-PENSER

Face à une problématique il y a 2 écoles :

La première, celle du prêt-à-penser, de la pensée prémâchée, de la pensée fast-food, en réalité celle de l'absence de pensée propre est l'école où on attend que conseils, informations, commentaires, réponses, avis, solutions sans jamais chercher à acquérir les armes qui nous permettraient de réfléchir par nous-mêmes.

La seconde au contraire est celle où ce ne sont pas tant les réponses qui comptent que les outils pour comprendre le fond des choses. Cette école où on s'attachera davantage à se donner les moyens de réfléchir par nous-mêmes, à récolter du matériel pour stimuler notre cognition que de gober des réponses brutes, d'adopter plus ou moins aveuglement les croyances d'autrui (je n'ose même pas parler de pensée ou d'opinions). C'est l'école de la réflexion personnelle.

S'il me semble évident que penser par soi-même est bien plus gratifiant que de "juste" digérer des informations (je m'en explique au bas de ce chapitre), la plupart des gens, notre société tend clairement à appliquer les préceptes de la première école. Ce travers (car s'en est un à mon sens) se retrouve partout à commencer par nos chères institutions scolaires.

Réalisez-vous que pendant 12 ans, du primaire au secondaire, on nous gave de connaissances (pour la plupart aussi vite apprises qu'oubliées) dans une dizaine de matières sans jamais nous apprendre à développer cette aptitude pourtant cruciale : réfléchir par soi-même ? Sans doute, le seul enseignement vraiment utile (mais insuffisant) qui nous ait offert pendant cette période est celui de la lecture et de l'écriture (et, dans une moindre mesure, de la logique avec les mathématiques). Durant les quelques 20 000 heures de cours qui séparent le préparatoire du baccalauréat, on ne cherche à stimuler (ou si peu, ou si mal) ni notre créativité, ni notre curiosité, ni notre réflexion, ni notre libre arbitre. Si on y réfléchi, et bien qu'elle s'en défende, l'école, telle qu'elle est conçue, n'est rien d'autre qu'une monstrueuse machine à bourrer de jeunes crânes.

Une étude menée aux USA entre 1968 et 1985 auprès de 1600 enfants (testés à 5, 10, 15 et 25 ans) et 250 000 adultes a démontré que l'école nous fait progressivement mais inexorablement perdre les formidables capacités créatives innées que nous possédions pourtant pratiquement tous au départ. 98% des enfants sont hyper-créatifs à 5 ans contre 2% des adultes après 25 ans ! (George Land & Beth Jarman, Breakpoint and Beyond: Mastering the Future Today, 1992).

Ce billet n'est pas un réquisitoire contre le système scolaire mais on ne peut pas éternellement continuer à ignorer son inadaptation et ses déficiences. Sous couvert de nous former, on nous informe, on nous déforme, on nous conforme, on nous bride, on nous moule.

Par la suite nous ne sommes pas mieux lotis. Submergés par le flot ininterrompu d'informations (souvent contradictoires) qui nous parvient de toutes parts et que nous avalons tout cru au point que nombres se trouvent relégués au rang passif de spectateurs, auditeurs, téléspectateurs, internautes, lecteurs de presse facile, "bouquinophiles" de romans de gare. On ne sort plus de notre zone de confort, nous ne cherchons pas à penser mais à nous distraire. La paresse intellectuelle ambiante est alarmante.

Comprendre, apprendre à penser, à réfléchir, à douter, à remettre en question, utiliser notre libre arbitre est pourtant à notre portée. Il y a des moyens d'acquérir des connaissances pertinentes pour nourrir notre réflexion mais cela demande un véritable effort, du temps, du travail, et dans une société survoltée, sur-stressée, sur-consommatrice, la plupart sont trop paresseux, trop occupés ou trop pressés. Et finalement, cela n'aurait pas tant d'importance si nous ne nous retrouvions jamais devant des situations qui exigent la mise en branle de nos facultés d'analyse. Seulement voilà, cela arrive occasionnellement et dans ces cas là nous sommes perdus, largués, trop peu rompus à l'exercice de la pensée. Dans l'impasse, que faisons-nous ? Nous appliquons les méthodes de la première école en "Googlisant" des réponses toutes faites chez les premiers distributeurs automatique de réponses venus (émissions TV, articles de magazines, internet, coaching, etc..) pour les faire nôtres, se donnant ainsi l'illusion qu'elles viennent de nous, qu'il s'agit d'une pensée propre. Beaucoup croient penser mais est-ce vraiment le cas ?

Et parce que ceux qui distribuent le prêt-à-penser et l'information (ne parlons même pas de connaissances) ont bien compris que pour accrocher le chaland il fallait faire vite et court, ils vont au plus simple, d'autant que, pour la majorité, ces pourvoyeurs de réponses sont inaptes à la réflexion, se contentant de recracher, médiatiser, vulgariser, ébaucher ce que d'autres ont pensé à leur place avant eux. Ils nous baladent alors sur quelques chemins de surface, bien incapables d'approfondir et d'éclairer tous les autres possibles comme on mène, dans une semi-obscurité et sur une jolie ligne droite, un cheval d'attelage paré d'oeillères. Il est certes plus facile de suivre tels des moutons de Panurge que de se lancer seuls à la conquête de tous les possibles afin de choisir le ou les chemins qui nous conviennent le mieux.

Dénués d'arguments solides, non sous-tendus par des raisonnements fouillés, méthodiques, sans analyse de fond ni références précises; commentaires, avis, conseils, infos pratiques, retour d'expériences personnelles, affirmations, axiomes, postulats, sont peut-être très digestes mais ils n'expliquent rien. Dès lors, comment comprendre, penser, réfléchir et se forger une opinion propre ?

Le fournisseur de contenu (journaliste, psy, coach, blogueur, etc... ) ne fait la plupart de temps que proposer de possibles conduites à tenir dans des situations données, des solutions à adopter pour des questions données, des opinions à partager sur des sujets donnés.

Il est un peu comme le garagiste chez qui on vient chercher de l'aide quand notre voiture ne veut plus démarrer et qui, après avoir cerné la panne, sans jamais nous en expliquer la cause particulière ou nous initier plus généralement à la mécanique automobile, nous montre simplement comment remplacer la bougie défaillante ou la courroie usée. Non seulement nous serons incapables d'éviter la prochaine panne (puisque nous n'avons aucune idée de ce qui peut en être à l'origine) mais, bien que nous sachions maintenant changer une bougie ou une courroie, pour peu que cela ne soit pas à nouveau une question d'allumage, nous serons toujours aussi inaptes à faire face seul au problème (puisque nous ne savons pas non plus comment fonctionne un moteur). Cette ignorance nous cloue sur le bord de la route, handicapés et dépendants (d'une aide extérieure).

Certains répondront à cela qu'il n'est pas utile de connaître la mécanique pour conduire une voiture. Et quand bien même la voiture tomberait en panne, on peut bien s'en passer le temps qu'un spécialiste la remette en état à notre place. Ça n'est pas faux à l'exception de ceux dont la vie dépend du bon fonctionnement de leur véhicule (les camionneurs par exemple), qui ne peuvent se permettre d'être immobilisés des heures ou des jours. On imagine difficilement un chauffeur de poids lourds qui n'aurait ni boite à outils ni solides connaissances en mécanique, un professionnel de la route qui ne serait pas un minimum autonome ne ferait pas long feu dans ce métier.

Dans le domaine de la pensée, l'autonomie est le libre arbitre. Être capable de penser par soi-même c'est rompre les chaînes qui nous empêchent d'avancer vers le mieux. Se passer de cette autonomie là c'est tout bonnement se passer de liberté. Nous ne devrions pas nous le permettre. Nous ne pouvons pas nous le permettre si nous cherchons un tant soit peu de bien-être (l'esclavage, même sans conscience, n'ayant jamais fait le bonheur de personne).


II - FAVORISER L'AUTONOMIE DE PENSÉE

Alors devant une question, un problème, une situation compliquée vaut-il mieux qu'on nous donne réponses et solutions (souvent approximatives, voir fausses au demeurant) ou bien qu'on nous donne aussi outils et moyens ; de comprendre, de trouver les réponses justes, de penser par nous-mêmes ?

Cela fait plus de 2 500 ans que Confucius nous a soufflé la réponse :

"Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que lui donner un poisson."

Cet aphorisme pourrait résumer à lui seul l'ambition de ce blog, le sens de ma démarche, l'objectif avoué de mes écrits. Répondre à un besoin en rendant autonome plutôt que dépendant, voilà une idée à laquelle j'adhère avec force.

Parce que je suis convaincu que les affirmations péremptoires (même si elles sont parfois justes) n'ont aucune valeur, que donner des conseils bruts, livrer de l'info sans décodage relève d'une vision à court terme et ne sert absolument à rien, qu'agir sans comprendre ne mène, plutôt tôt que tard, qu'à l'échec, au lieu de distiller des lieux communs, d'assener des affirmations dans le vide, vide de sens et de réflexion, je souhaite au contraire démonter les rouages de chaque problématique et exposer le plus clairement possible tous les mécanismes, les éléments qui auront guidé ma réflexion pour que le lecteur obtienne non seulement la réponse qu'il cherche mais surtout qu'il comprenne le pourquoi de cette réponse. Qu'il soit non seulement capable d'agir dans une situation particulière mais surtout que la connaissance plus générale du panorama lui permette d'adapter par la suite ses propres réflexions et actions en fonction de tous les terrains. Que le lecteur possède les outils qui lui permettront de se faire sa propre opinion, quitte même à pouvoir remettre en question celle que je lui livre.

Expliquer non seulement le comment mais surtout le pourquoi est une tâche éminemment plus noble mais surtout infiniment plus utile (plus compliquée aussi) que de distribuer conseils et infos au gré des vents.


III - RENDRE LA PENSÉE ACCESSIBLE AU PLUS GRAND NOMBRE

Bien entendu, je ne prétends pas être le seul à me livrer à cet exercice, il existe un nombre illimité d'auteurs qui creusent de multiples sujets. À ceux-là je ne ferai pas grief du contenu mais souvent du contenant. Ce que je reproche à beaucoup d'entre-eux c'est de s'exprimer sans penser au lecteur, plus précisément sans penser à tous les lecteurs.

Parce que nous ne disposons pas tous des mêmes compétences et prédispositions (tant physiques, qu'intellectuelles), des mêmes connaissances de base, du même vocabulaire, il y a des textes qui demeureront en tout ou partie à jamais opaques à la compréhension d'une majorité, qui ne seront digérés que par une poignée d'érudits parce que leurs auteurs, par snobisme, mépris, paresse ou incompétence ne se préoccupent pas de tous les autres. Pour quelle raison devrait-il en être ainsi ? Que justifie l'accès à la pensée pour certains et pas pour tous ?

J'ai toujours été convaincu que la connaissance (pas seulement l'information) devait être partagée avec le plus grand nombre et non réservée à une élite. Nous sommes tous capables de comprendre, de penser et de réfléchir indépendamment de notre niveau d'étude, de notre background intellectuel ou de notre origine sociale et culturelle. Tout n'est qu'une question de pédagogie.

Au collège, j'étais nul en maths, inintéressé et hermétique. En un mot je n'y comprenais rien. J'avais pratiquement fait une croix sur l'idée de dépasser un jour la moyenne jusqu'à ce que je tombe sur une prof qui expliquait autrement, qui savait se mettre à mon niveau, qui parlait "ma langue", prenait le temps. A partir de ce jour, sans beaucoup plus d'efforts, non seulement j'ai obtenu de très bonnes notes mais j'ai même intégré une première S pour conclure par un 16 au Bac.

Le travail alors ne consiste pas seulement à communiquer, partager, exposer sa pensée mais à le faire de telle sorte qu'elle soit à la portée de tous, de le faire dans une forme et un style qui soit adapté, accessible au plus grand nombre possible sans dénaturer ni simplifier le propos. Ça n'est pas une tâche aisée, c'est pourquoi je consacre énormément de temps sur la construction et la forme de mes textes en tentant de les rendre le plus clair, le plus compréhensible possible sans compromettre le fond (sur lequel je bosse aussi beaucoup cela va sans dire).


IV - CONCLUSION

Ce blog sur les relations amoureuses à simplement l'ambition de traiter en profondeur diverses problématiques en n'offrant pas seulement des réponses brutes (ce qu'on trouve partout et qui n'avance à rien) mais aussi et surtout les éléments sur lesquels se base ma pensée dans une forme et un style permettant à chacun de nourrir à son tour sa propre réflexion sur ces sujets.

J'espère donc que vous trouverez mes écrits à la hauteur de mes ambitions et si vous voulez discuter directement avec moi, je rappelle que depuis Juin 2016 je propose des consultations individuelles via Skype ou téléphone.

Bonne pêche !

Mister L