Malchanceux en amour : fatalité ou libre arbitre ?
Par Mister L, lundi 25 août 2014 à 10:05 :: Psychologie :: #29 :: rss
Comment se fait-il que certains(es) d’entre-nous aient tant de peine à trouver chaussure à leur pied, tombent quasi-systématiquement sur les mauvais profils, accumulent les échecs amoureux alors que d’autres enchainent avec une facilité déconcertante des relations longues et satisfaisantes, trouvent à chaque fois facilement leur bonheur ? Est-ce vraiment une question de chance ou cet argument ne serait-il en fait qu’un fallacieux mais fort utile prétexte pour nous éviter d’avoir à regarder la réalité en face ?
Plus généralement, pourquoi certaines personnes semblent avoir toujours de la chance et d’autres jamais ? Qu’est-ce qui pourrait bien expliquer la différence entre ces personnes à qui globalement tout semble sourire tout le temps et celles qui semblent empiler échec sur échec ? N’est-ce vraiment qu’une question de hasard ou bien la réponse ne se trouverait-elle pas ailleurs ? Sommes-nous réellement les victimes impuissantes d’un destin funeste ou bien ne sous-estimerions-nous pas fortement notre part de responsabilité ?
A en écouter beaucoup, c'est bien le sort qui serait responsable de leurs maux, aucun doute là dessus.
- Les mecs c’est comme les emplacements de parking, les meilleurs sont toujours déjà pris et ceux qui restent sont pour les handicapés.
- C’est vrai, à chaque fois que je me lance dans une relation, je finis par apprendre que le type est marié, c’est la troisième fois de suite que cela m’arrive. Je ne suis pas superstitieuse mais là je commence vraiment à me demander si quelqu'un ne m'a pas jeté un sort. Mais où sont les mecs biens et libres ?
- Avec les filles c'est pas mieux! Moi, j’ai beau prendre toutes les précautions, je tombe toujours sur des nanas complètement déséquilibrées, j’ai l’impression que je les attire.
- Ne m’en parlez-pas, je dois avoir la tête d’une bonne poire, je n’arrête pas de me faire avoir. A chaque fois c'est pareil, on me sort le grand jeu et dès qu'il s'agit de s'investir un peu, ça ne rate jamais, les rats quittent le navire. Il n'y a pas un homme pour relever le niveau général.
Est-ce vraiment du à la malchance, à une fatalité à laquelle nous n’aurions d’autres choix que de nous résigner ou à un autre facteur sur lequel nous aurions en réalité beaucoup plus de pouvoir que nous le pensons ? Y a-t-il un moyen d’influer sur le cours de nos destinées lorsque celles-ci semblent inexorablement nous enfermer dans un cercle vicieux ?
C’est à ces questions que je vais tenter de d’apporter une réponse ou tout du moins, un éclairage. Il est vrai que cela est bien commode d’accuser le manque de chance lorsque les échecs s'accumulent. Je commencerai donc par creuser dans cette direction. Qu’est-ce réellement que la chance, peut-on la quantifier et jusqu'à quel point intervient-elle dans nos vies ?
De là je réfléchirai aux réponses alternatives qui pourraient expliquer l’accumulation d’échecs en analysant des cas concrets et en me tournant vers certains concepts que la psychologie moderne nous propose. Enfin, je me questionnerai sur la véritable influence que nous avons sur notre destinée grâce au libre arbitre, à notre volonté.
I - CHANCE ET PROBABILITÉS
Peut-on réellement parler de chance en amour ?
A - Définitions
La chance est la possibilité qu'un événement survienne dans l'avenir (si je lance une pièce il est possible qu'elle retombe sur pile) et la probabilité est une estimation du nombre de chances que cette chose se produise lors de tentatives indépendantes et répétées (sachant que la pièce n'a que deux faces, la probabilité qu'elle retombe effectivement sur pile est d'une chance sur deux, soit 50% de chances).
Bien évidemment, les calculs de probabilité ne revêtent jamais aucun caractère de certitude mais, plus le nombre de tentatives est élevé, plus expérience et calculs tendent à converger.
Illustrons cette affirmation par un autre exemple (car je sais que toutes mes lectrices et lecteurs ne sont pas forcément férus(es) de mathématiques).
Un dé comporte 6 faces. Si je le lance une seule fois il va obligatoirement retomber sur une seule des 6 faces (puisque le dé est conçu de telle sorte que jamais 2 faces ne puissent apparaitre en même temps). J’ai donc une chance sur 6 que le dé sorte le numéro que j’attends. A chaque fois que je lancerai le dé, j’aurai toujours la même chance sur 6 qu'il retombe sur un numéro donné et cela, peu importe mon nombre de lancers (le dé n'ayant ni la mémoire du chiffre sur lequel il est tombé au lancé précédent, ni un nombre de face inférieur ou supérieur d'un lancé à l'autre). Cela est entendu.
Par contre, la probabilité de ne pas tomber sur le même chiffre qu’au lancé précédent augmente en fonction du nombre de lancés. On a mathématiquement déterminé (je vous épargnerai les formules) que le nombre moyen d’essais nécessaires pour tomber sur un chiffre donné est au minimum égal au nombre de choix possibles. Dans le cas du dé, il y a 6 possibilités puisqu'il y a 6 faces. En faisant donc au moins 6 tentatives on a des chances de tomber sur le chiffre qu’on attend.
Par raisonnement inverse, et c'est surtout cela qu'il faudra retenir de ma démonstration, cela veut dire aussi qu'il n'y a pratiquement aucune chance qu'un dé retombe 6 fois de suite sur la même face par hasard (probabilité=(1/6) puissance 6 soit 2,14 chances sur 100 000 que cela se produise).
B - Les limites du hasard
Que peut-on en conclure ?
Simplement que, lorsqu'il ne s'agit que de hasard, pour espérer une seule réussite il faut faire un certain nombre de tentatives (idéalement égal ou supérieur au nombre de choix possibles), ce qui implique fatalement un certain nombre d'échecs (puisque toute tentative qui n'est pas une réussite est forcément un échec). En conséquence, pour les phénomènes réellement aléatoires, un grand nombre de tentatives rend pratiquement impossible toute suite de résultat identique, systématique et consécutive. Autrement dit, plus un même résultat se répète au fil des tentatives moins il y a de chances que ce résultat soit le fruit du hasard (même si cela n'est jamais totalement exclu).
Je décoche une flèche et la place en plein centre d'une cible située à 20 mètres, c'est peut être un heureux hasard. J'en tire quatre de plus et toutes viennent se ficher à quelques millimètres de la première. Quelle est la probabilité de mettre par hasard consécutivement 5 flèches dans le mille ? Nulle. Alors ? N’est-ce toujours qu’un pur hasard ?
Ou encore, pour illustrer cela de façon plus triviale : quand une pot de fleur nous tombe sur la tête une fois c’est peut-être de la malchance, quand plusieurs pots de fleurs nous tombe à nouveau dessus plusieurs fois de suite, la raison est certainement à chercher ailleurs (chez le voisin du dessus qui a un sens de l'humour étrange par exemple).
Oui mais imaginons un instant que lors de l'expérience avec notre dé, ce dernier retombe quand même 6 fois de suite sur la même face. Qu’est-ce qui pourrait l’expliquer, si ça n'est pas le hasard, puisque nous venons de démontrer que c'est presque impossible ?
Les probabilités pour qu’un tel événement se produise avec un dé "normal" sont tellement faibles (certes pas inexistantes mais 0,00214% de chances c'est pas bien lourd) qu’il y a alors fort à parier que la cause soit due à autre chose que la chance elle-même. Quelque chose ou quelqu’un influence physiquement le comportement du dé (dé magnétique, dé pipé, dé plombé, etc..).
C - Si ce n'est plus du hasard, qu'est-ce donc ?
A quoi je veux en venir ?
Il est impératif de prendre conscience que les probabilités d’aboutir de façon aléatoire et systématique à un résultat identique dans la répétition d’un même événement, quel que soit le domaine, sont tellement faibles que, si cela se produit malgré tout, cela ne peut pas être juste une histoire de hasard. Pour faire encore plus court, lorsqu'un phénomène défie toutes les probabilités, toutes les chances sont que le hasard n'y soit pour rien et qu'un ou plusieurs autres facteurs entrent en jeu. Toute la question sera de parvenir à identifier ces facteurs et d'agir sur eux pour altérer le résultat.
Exemple 1 : Dans un immeuble vivent 100 personnes. Si 20 locataires, logeant à des étages différents et qui n’ont pas spécialement eu de contacts entre eux ,souffrent soudainement d’une diarrhée dans la même semaine, c’est étrange mais, sachant que le pourcentage de population sujette à ce type de troubles intestinaux s’élève à 28%, il est possible qu’il ne s’agissent que d’une sacré coïncidence, un malheureux hasard. (chiffre basé sur une étude publiée en mai 2003 dans le numéro 68 du magazine Objectif Nutrition de l’institut Danone, portant sur 4817 sujets représentatifs de la population Française)
En revanche, si ce même événement se produit pour disons 80% de la population de cet immeuble en 7 jours, quelle est la probabilité qu’une telle concentration de cas identiques et défiant à ce point les statistiques se déclare dans la même zone et la même période de temps ? Je ne l’ai pas calculé mais cette probabilité est sans doute très faible. La cause de ce phénomène est donc à chercher ailleurs que dans le hasard. Ça n'est qu'après avoir identifié les causes que je vais pouvoir altérer le résultat et finir par retrouver un nombre de cas concordants avec les statistiques. Je recherche donc le point commun, le liens entre toutes ces personnes malades et mon attention se porte rapidement sur les canalisations de distribution d’eau potable-->cause extérieure et non hasard.
Exemple 2 : J’arrive au casino, je mise à la machine à sous et, dès le 2ème coup, je tombe sur "triple 7" ce qui me permet de remporter 1000 fois ma mise (et faire de moi un homme heureux pour le reste de ma soirée par la même occasion). Là c’est bien de la chance car les probabilités d'un tel jackpot après seulement deux tentatives sont minimes.
En revanche, si continue à jouer 9 998 fois de plus et que je ne gagne plus rien, il est certain que cela ne peut pas être simplement du à de la malchance (même si en ce qui concerne les jeux de hasard en France, les machines sont programmées pour ne redistribuer que 88% des gains aux joueurs de façon aléatoire). Seule explication possible : la machine aura été truquée pour ne redistribuer que 10% des gains --> cause extérieure et non hasard.
Attention, je ne dis pas que le hasard n’existe pas mais simplement que des échecs (ou des succès) à répétition ne relèvent que très rarement de la chance.
D - Appliquons nos observations sur la chance à la question des rencontres amoureuses.
A nouveau célibataire, je décide de sortir une fois par semaine dans une soirée (after-work) dans le but de faire des rencontres et me retrouve 4 fois par mois aux côtés de femmes célibataires, à chaque fois différentes, bien ciblées c'est à dire à qui je suis susceptible de plaire et inversement (même tranche d’âge, même milieu, etc..). Si dès la première soirée, c’est le coup de foudre avec la première que j'aborde et qu’une longue relation amoureuse s’en suit, c’est clairement de la chance. La probabilité de tomber sur mon "âme-soeur" dès la première tentative étant faible.
En revanche, si à chaque soirée j’aborde en moyenne 2 femmes, et qu’après un an (56 soirées, soit plus de 100 femmes avec qui j'aurai fait connaissance) cela n’a toujours pas débouché sur la moindre relation satisfaisante, est-ce vraiment de la malchance ? C’est possible mais peu probable. A moins d'un complot, il n’y a aucune raison pour que sur 100 tentatives, je ne sois toujours tombé que sur des personnes "incompatibles" avec moi. Le problème est donc à chercher ailleurs et ne relève pas d'une quelconque fatalité (par exemple, je ne me suis pas rendu compte que c'était des after-work gays et lesbiens).
S’en remettre à la malchance pour expliquer nos échecs successifs est scientifiquement faux, nous l'avons vu au début de ce chapitre, c'est un argument qui ne tient pas la route devant l'analyse. Pour parler clairement : se planter à répétition en amour ne peut pas être du au hasard.
Soyons réalistes, le "sort" n’est pas muni d’un détecteur qui ne ciblerait toujours que les mêmes personnes dans les mêmes circonstances.
Si on veut avancer il est crucial de prendre conscience que l'excuse du hasard n'est rien d'autre qu'un écran de fumée nous empêchant de voir la réalité en face. C'est aussi et surtout le meilleur moyen pour s’enliser dans un cercle vicieux.
Nous ne pouvons tirer les leçons de nos expériences et corriger nos erreurs que dans la mesure où nous avons conscience d'en commettre. L'argument "chance" nous en empêche. La chance ne dépendant pas de nous, en s’en remettant à elle pour expliquer nos échecs, nous sommes voués à la résignation et à l’immobilisme, persuadés que quoi qu’on fasse cela n’y changera rien--> position de victime passive.
A l’inverse, si nous comprenons intimement qu'à partir d'un certain point, les problèmes (ou les succès) ne relèvent pas plus de la chance, il nous sera plus aisé de nous remettre en question lorsque nous nous retrouverons dans une impasse car nous saurons qu'en réalité le problème n'est pas hors de notre contrôle.
Pour répondre à la question de départ de ce chapitre : Peut-on réellement parler de chance en amour ? La réponse est ; oui dans un certaine mesure mais pas au-delà. Un trop grand nombre de coïncidences doit vous mettre la puce à l'oreille et quand les événements défient les probabilités il faut rapidement ouvrir les yeux et arrêter de se dire "c’est la faute à pas d’chance", laisser tomber ce faux prétexte et commencer à chercher l'explication ailleurs.
II - EXPLICATION ALTERNATIVE
OK, je suis d'accord pour ne plus expliquer mes échecs par un manque de chance chronique et des hasards malheureux, mais alors, qu'elle est l'explication alternative ?
Pas la peine de chercher très loin pour la trouver, l'explication c'est SOI-MÊME !
Il y a un moment où il faut se rendre à l’évidence, nous sommes le plus souvent responsables de ce qui nous arrive même lorsque les situations semblent s'imposer à nous et ne pas dépendre de nous.
Démonstration par l'exemple
Je me souviens d’une fille, Valérie qui, il y a quelques années, relatant ses relations passées, me disait qu’elle n’avait jamais eu de chance car elle était toujours "tombée" sur des types violents. Il ne s’agissait pas d’une expérience isolée mais pratiquement de toutes ses relations (de l’ordre de 3 ou 4 sur 5). Bref, 80% du temps elle se retrouvait avec un homme qui finissait par la battre.
Il n'existe pas de recensement des hommes violents mais les statistiques nationales établies par l’ONDRP en 2012 (observatoire national de la délinquance et des réponses pénales), rapportent que 1,84% de femmes (sur un échantillon de 67000 personnes de 18 à 75 ans) ont déclarées être victimes de violences conjugales. Ces relations étant monogames et à priori hétérosexuelles, on peut donc légitimement extrapoler un pourcentage équivalent de partenaires masculins violents.
Si on s’en tient à ces statistiques, en se lançant dans une relation avec un homme pris complètement au hasard dans la foule, il y aurait donc moins de une chance sur 50 qu’il s’avéra être violent. Selon les mêmes chiffres, pour tomber par hasard sur 4 hommes violents il faudrait statistiquement avoir vécu précisément 217 relations ! Et malgré cela, pour connaitre le même taux de relations violentes, il n’a suffit à Valérie que 5 histoires. L’écart hallucinant entre 5 et 217 ne vous met-il pas la puce à l’oreille ?
Elle se l’expliquait par la malchance puisqu’elle même ne faisait rien de particulier pour provoquer des rencontres avec des hommes violents (ça n’était pas inscrit sur leur front) et qu'au départ ils paraissaient normaux.
À l'époque je ne trouvais pas de causes plausibles pour expliquer une telle poisse mais ce qui était certain pour moi en revanche c’est qu’un tel taux d’échecs consécutifs avec le même type d’hommes ne pouvait pas juste relever de la coïncidence et du hasard. Ça n’est que beaucoup plus tard que j’ai pu trouver l'explication et celle-ci concorde bien avec ma thèse qu’il n’y a pas de victimes à répétition par hasard.
Plusieurs études menées depuis une dizaines d’années par divers chercheurs en psychologie (entre autres K.Dutton, Oxford, Grande-Bretagne - A.S Book, Brock University, Canada) au sujet des psychopathes ont démontrées qu’il existait des "profils de victimes" et que les psychopathes savaient discerner dans une foule les personnes vulnérables, fragiles et facilement "victimisables" de celles qui étaient fortes, équilibrées et donc plus difficilement manipulables.
Pour étayer cette affirmation, l’expérience suivante a été menée par le Docteur Angela S. Book (chercheur en criminologie) et relatée dans le documentaire "Je suis un psychopathe" (de Ian Walker, 2009, Arte). Elle a filmé de courtes séquences, caméra fixe, montrant simplement à chaque fois une personne différente, de dos, marchant d'un bout à l'autre d'un couloir (donc visage et expressions faciales dissimulés). Certaines de ces personnes ayant été victimes d’agressions et d’autres jamais. Puis, sans spécifier qui étaient des victimes et qui n'en étaient pas, elle a diffusé ces séquences à des psychopathes en leur demandant de désigner les personnes qui seraient pour eux des proies potentielles idéales.
Pas une seule fois les psychopathes ne se sont trompés. Rien qu’en observant un individu déambuler 50 secondes de dos ils ont systématiquement désigné les victimes d’agressions sans ne jamais faire la moindre erreur. Cette expérience prouve que, à l'instar de superprédateurs comme les lions ou les tigres qui repèrent instinctivement un animal fragile, malade ou blessé au sein d'un troupeau d'antilope, les psychopathes sont eux aussi dotés de facultés que nous ne possédons pas et savent naturellement décoder les signes (ici, le langage corporel) de faiblesse et de vulnérabilité chez les autres. Dès lors, il n’est pas étonnant que ce soient toujours les mêmes personnes qui se fassent agresser et pas les autres. Cela n’a effectivement rien à voir avec le hasard ou le sort qui s’acharnerait toujours sur les mêmes, au contraire, c’est froidement rationnel, logique, calculé et cela s'explique scientifiquement.
Valérie avait très certainement un tel profil et les hommes violents cherchant une proie docile pour exercer leur domination devaient la flairer à des kilomètres simplement par son attitude. Quand à elle, elle aurait pu repousser ces hommes dès le départ mais elle ne le faisait pas. C’est donc bien elle qui, par son comportement (même inconscient) et ses choix, était seule responsable de ce qui lui arrivait même si, en apparence, rien ne lui laissait supposer qu'elle y soit pour quelque chose.
Cela dit, la question se pose de savoir ce qui pousse certaines personnes à répéter indéfiniment et inconsciemment les mêmes scénarios aboutissant aux mêmes erreurs, se donnant ainsi l’impression que le sort s’acharne contre elles.
Il existe une théorie à ce sujet dans la psychologie moderne, théorie introduite par Freud (Au delà du principe de plaisir, 1920) puis reprise et étoffée par la suite par d’autres psychologues et neuro-psychologues. Il s'agit de la compulsion de répétition et de la compulsion de destin (plus communément appelée névrose de destinée ou névrose d'échec).
III - COMPULSION DE RÉPÉTITION & NEVROSE D'ÉCHEC
A - Définitions
1) La compulsion de répétition
Je n’entrerai pas dans des explications psychanalytiques poussées car ça n’est pas le sujet de ce billet mais on pourrait grossièrement définir la compulsion de répétition comme une tendance inconsciente et irrésistible à répéter un même scénario, un même acte, une même conduite, à reproduire les mêmes comportements, alors même qu'ils sont nuisibles pour le sujet, dans le but de se protéger de dangers imaginaires ou fantasmés, nés à l’issue d’expériences angoissantes ou traumatisantes.
On constate fréquemment ce phénomène dans les états de stress post-traumatiques (victimes de viol, d’attentat, de guerre, d’agression, de violences familiales, etc...) chez qui cela se manifeste notamment par la répétition compulsive de flashs-back, de pensées angoissantes, de cauchemars mais aussi de comportements plus ou moins conscients de fuite et d’évitement.
Par exemple (je simplifie volontairement) : Un homme a rendez-vous à midi pile, très ponctuel, il arrive sur le lieu de son rendez-vous à l’heure convenue. La minute suivante après son arrivée il est victime d’un attentat à la bombe. Physiquement il s’en sort avec quelques brulures mais psychiquement il est complètement traumatisé. Par la suite, en plus des cauchemars qui peuplent ses nuits, cet homme ne parvient plus jamais à gérer son temps. Malgré tout ses efforts pour y parvenir, il est désormais incapable d’arriver à l’heure quelque part, accumulant parfois plusieurs heures de retard. Il rate ses rendez-vous professionnels, amoureux, les séances de cinéma, les avions, bref tout et finalement sa vie devient un enfer.
On peut imaginer que dans son cas, son inconscient a mis en place un mécanisme de protection fonctionnant sur le principe : “si seulement j’étais arrivé en retard ce jour là, je n’aurai jamais été victime de cet attentat, donc, si je veux sauver ma peau à l'avenir, il ne faut plus jamais que j’arrive à l’heure”.
Il se protège d’un danger imaginaire (hypothétique attentat à venir) né à l’issue de son expérience traumatisante (l'attentat dont il a bien été victime) même si ce comportement nuit maintenant gravement à sa vie (il peut perdre son travail car le manque de ponctualité ne relève pas d’une attitude professionnelle, rater ses vacances car les avions n’attendent pas, se fâcher avec des proches qui ne comprendront pas pourquoi il semble si peu concerné par le temps qu’il fait perdre à ceux qui l’attendent et qui, eux, sont à l’heure, etc...)
Bien évidemment, pour le sujet qui nous occupe, ça n’est pas de traumatisés dont nous parlons mais un phénomène comparable à la compulsion de répétition a été identifié chez des personnes "normales".
2) La névrose de d'échec
Pour des individus qui ne sont pas sujets au syndrome de stress post-traumatique et qui ne manifestent donc aucun symptôme mais qui adoptent des comportements compulsifs qui leur sont nuisibles, qui ont tendance à répéter des conduites menant systématiquement à l’échec (professionnel, sentimental, social, sexuel, scolaire, etc...) on parlera plutôt de névrose de destinée ou névrose d’échec. Celle-ci procède de mécanismes similaires à la compulsion de répétition.
Ces névroses sont caractérisées par la répétition de scénarios qui, malgré leur caractère déplaisant, se déroulent pratiquement toujours suivant le même schéma et apparaissent comme une fatalité externe dont le sujet semble sans aucun doute être la victime sans jamais percevoir ni comprendre le degré de sa participation active (si inconsciente qu'elle puisse être) dans l'enchaînement des événements de la situation, attribuant cela à la "malchance", la "fatalité" ou au "destin". L'histoire de Valérie que j'évoquai dans le précédent chapitre en est un parfait exemple.
B - Causes et conséquences de la névrose de d'échec
Tout comme pour la compulsion de répétition, il s’agit au départ d’un mécanisme inconscient de protection dont l’origine est en général une expérience négative, mécanisme censé nous protéger d’une expérience similaire qui pourrait se reproduire dans le futur. Cela part donc d’une bonne intention de la part de notre psychisme (nous protéger), mais malheureusement, la plupart du temps, cela génère plus de dégâts que de bienfaits.
Pourquoi ? Tout simplement parce que se protéger de la répétition d'une erreur repose essentiellement sur des mécanismes de comparaison (entre une situation passé et la situation présente) mais que notre capacité à évaluer finement une situation pour la comparer à celles que nous avons connues et que nous voulons tant éviter de reproduire, est d’autant moins grande que nous sommes fragiles psychiquement.
En d'autres termes, plus nous sommes fragiles, plus nous cherchons à nous protéger mais moins nous sommes aptes à le faire. Mais comme, moins nous sommes aptes à nous protéger, plus nous nous sentons fragiles, plus nous cherchons à nous protéger, ad libitum... (encore et encore comme dirais Cabrel)
C’est là tout le paradoxe de ce serpent qui se mort la queue, un phénomène qui se nourrit de lui-même et engendre la répétition à nos dépends et pour notre plus grand préjudice.
Pour clarifier encore un peu plus, traduisons ce trouble de la personnalité par une petite allégorie de mon cru :
Une banque a été attaquée et les malfrats ont utilisés des gaz lacrymogènes pour neutraliser tout le monde. Le personnel a été légèrement intoxiqué, y compris le vigile qui a perdu une bonne partie de son acuité visuelle (mais personne ne s'en est rendu compte).
Dans la crainte légitime d’une nouvelle attaque, le directeur de la banque a donc demandé à notre garde de sécurité d’être encore plus vigilant à l’avenir.
Trois jours plus tard, le directeur s’étonne du peu d’affluence au guichet (moitié moins de clients qu'à l'accoutumé) et s'inquiète surtout de la perte de revenu que cela occasionne pour son établissement.
Il mène alors sa petite enquête et s’aperçoit que le vigile passe ses journées, arme au poing, à empêcher pratiquement un client sur deux d’entrer dans la banque.
En creusant un peu plus la question, il comprend que le brave homme, qui n’y voit vraiment plus grand chose, confond la moitié des gens qui se présentent aux portes de l’agence avec des gangsters. En toute bonne foi, pensant éviter de nouveaux braquages, il s’interpose systématiquement devant des clients effrayés et n'opposant aucune résistance pour déguerpir sans demander leur reste.
Rapportons maintenant cette allégorie à la névrose :
- La banque (à travers son directeur) c’est notre esprit
- Le braquage initial, c’est à la fois l’événement déclencheur de la névrose et l'objet du danger redouté dans le futur
- Le vigile c’est la défense que l’esprit à mis en place à la suite d’un événement négatif
- La perte de l’acuité visuelle du vigile c’est la fragilité psychique induite par l’événement négatif à l’origine de la névrose
- Le trouble de la vision qui en résulte et qui rend le vigile incapable de faire la différence entre un client et un gangster c’est l’inaptitude à évaluer la situation, à percevoir la réalité, conduisant à imaginer un danger là où il n’y en a pas.
- Empêcher les clients d’entrer dans la banque c’est le scénario compulsif mis en place par le psychisme pour se défendre de tout nouveau danger potentiel, scénario qui se répète inlassablement.
- La perte de revenus qui en résulte pour la banque ce sont les conséquences nuisibles de ce comportement au détriment du sujet qui les a provoqué.
Lorsque nous ne sommes plus aptes à juger des situations telles qu’elles sont mais plutôt telles que nous les percevons à travers la lunette déformante de notre esprit fragilisé, les réactions que cela va engendrer ne seront pas non plus les bonnes. Être en danger et croire qu’on est en danger sont deux choses bien distinctes et une personne qui est fragile, donc la plupart du temps dans le doute d'elle-même et des autres, a toutes les chances de voir sa perception altérée, c’est à dire de voir le danger là où il n’existe pas et "perdre les pédales" à la moindre occasion, adoptant des conduites de protection quand bien même elles sont inutiles (donc inadéquates), provoquant des comportements qu’un individu sain ne pourrait que qualifier d’irrationnels dans ces situations. Tout ceci aboutissant à enfermer le sujet dans une spirale d'échecs à répétition dont la cause lui échappe complètement, le fragilisant encore plus qu'il ne l'était déjà au départ.
Imaginons que j’ai été profondément affecté par une relation avec quelqu’un de pathologiquement jaloux et possessif. A la suite de cela, fragilisé par cette expérience - sans même m’en rendre compte - ce ne sont pas uniquement les femmes jalouses que j'évite (ce qui serait rationnel) mais systématiquement toutes les femmes qui m’approchent (bien que statistiquement elles ne puissent logiquement pas toutes être des jalouses patentées). La cause, nous la connaissons maintenant ; mon psychisme, fragilisé par ma précédente relation, m'a rendu désormais incapable de percevoir correctement à qui j’ai à faire, me conduisant à interpréter inconsciemment la moindre marque d’attention de ces femmes pour un signe de possessivité et la moindre remarque pour un signe de jalousie ce qui déclenche automatiquement chez moi un comportement de protection inconscient tendant à les éloigner de moi (les faire fuir par exemple), comportement qui se répète inlassablement au fil de mes rencontres. Le pire c'est que je ne me rends alors même pas compte que c'est moi qui suis à l'origine de leur fuite. Au contraire, ne voyant d'autre explication logique, persuadé de n'y être pour rien, je me dis "Ça n'est vraiment pas de ma faute, je fais tout pour que cela se passe bien mais elles fuient toutes en 5 minutes, je n'ai juste pas de chance, je suis abonné aux filles incapables de s’investir".
C - Comment s'en débarrasser ?
Il faut tout d’abord être capable de prendre conscience qu’on a un problème. C’est en grande partie le but de ce billet. Démontrer à celles et ceux que cela concerne (et ils sont très nombreux) que ce qu’ils prennent pour de la malchance à répétition n’est sans doute rien d’autre qu’un problème à régler avec eux-même et non la conséquence du hasard, de coïncidences malheureuses, de loi des séries, de sort, de fatalité ou de je ne sais encore quelle force extérieure malfaisante. Mathématiques et Psychologie en attestent.
Il faut ensuite faire un travail d’introspection, fouiller en soi pour identifier l’élément déclencheur. Le ou les événements qui auraient pu avoir un impact sur notre vision de la vie, de l’amour, des relations à deux, leur perception des autres. Dans ce domaine et selon les sensibilités les causes possibles sont innombrables. Parmi elles on peut citer par exemple :
- Problèmes familiaux dans l'enfance, représentation du couple, divorce des parents, image du père ou de la mère, conflits, violences
- Départs ou tentatives de relations : relations avortés, espoir déçus, rejets
- Echecs de relations : trahisons, conflits, abus, violences, tensions, abandons, séparations, divorces, chagrins
- etc, etc...
Enfin, il faut se poser la question de savoir si on souhaite réellement changer, puis prendre du recul par rapport à cela, replacer les choses dans leur contexte, relativiser, essayer d’être rationnel. Se dire que ce qui a fait souffrir, ce qui est à l’origine de sa peur, de ses craintes actuelle, est derrière soi. Ça n’est pas parce qu’une femme qu'on a connu vous a fait souffrir, que toutes les femmes que vous allez connaitre seront des bourreaux. Ça n'est pas non plus parce qu’un homme vous a trahi que tous les autres hommes seront indignes de confiance. Là encore il s'agit d'évidences statistiques (sur 100 hommes il ne peut pas y avoir 100 menteurs, sur 100 femmes pas non plus 100 jalouses, etc...). S'opposer à nous-même dans nos comportements compulsifs pour ne pas les laisser prendre le dessus sur notre volonté.
Il faut avant tout se dire que nous n’avons pas à subir les choses, que le pouvoir nous revient d’influer sur le cours de notre existence au lieu de se résigner à revivre et ré-écrire éternellement les mêmes scénarios pénibles dont nous sommes en réalité les seuls auteurs. En résumé il faut exercer notre libre arbitre sur nos vies.
IV - LE LIBRE ARBITRE : ET SI TOUT NE DEPENDAIT QUE DE NOUS ?
Pour en revenir au registre amoureux, se retrouver systématiquement en situation d’échec doit faire retentir en nous un signal d’alarme.
NB : Dans mon esprit "échec" doit ici se comprendre dans son sens le plus large. C'est à dire qu'il peut non seulement s'agir de relations qui n'ont pas fonctionnées comme de tentatives n'ayant même pas débouchées sur une relation ou même encore d'une situation de stagnation dans sa vie amoureuse (célibat sur très long terme, enchainement de relations courtes et non constructives, etc...)
Dans le cadre de situations ponctuelles et isolées ces affirmations peuvent encore s'expliquer par le hasard
1) ce qui est possible
- que j'aille à une soirée et parmi les 10 filles présentes ce soir là, aucune ne me plaise ou que je ne plaise à aucune
- que je fasse une rencontre et contre toute attente ce type là (à la différence des suivants et des précédents) s'avère être un mythomane ou la fille une folle
- que je me rende à un premier rendez-vous et que la personne ne vienne pas
- qu'après la première nuit, il/elle ne me rappelle jamais
Considérées sur une longue période de temps, ou/et dans la répétition pas une seule des affirmations suivantes n’a la moindre chance de relever du pur hasard
2) ce qui est hautement improbable
- sur toutes mes soirées et parmi les centaines filles croisées sur la période, aucune ne me plait jamais ou je ne plais jamais à aucune
- à chacune de mes rencontres et contre toute attente tous les types s'avèrent être systématiquement des mythomanes ou toutes les filles des folles
- à la quasi totalité de mes premiers rendez-vous, les personnes me posent un lapin.
- jamais aucun de mes partenaires depuis les X derniers, n'a donné signe de vie après la première nuit.
L'unique dénominateur commun reliant ces faits indépendants entre eux n'est que nous, le problème ne peut donc venir que de nous, la solution aussi, fatalement !
Par conséquent, quand on en arrive à faire le genre de constats suivants
3) Ce qu'on en conclu (liste non exhaustive)
- personne ne correspond à ce que je recherche
- je ne croise toujours que le même genre de mecs (des loosers, des menteurs, des alcooliques, des mecs mariés, des violents, etc...)
- toutes les filles sont des connes, elles ne me rappellent jamais ou elles me posent systématiquement des lapins / tous les mecs biens sont pris,
- jusqu’à présent je n’ai juste pas eu de chance, le sort s'acharne contre moi, etc...
C’est qu’il est grand temps de se remettre en question
4) Ce dont on devrait prendre conscience
- je ne sais pas vraiment ce que je recherche, mes exigences sont incohérentes ou quelque chose cloche chez moi,
- je suis incapable de repérer les gens valables et ne fais que perdre mon temps avec les autres
- jusqu’à présent, j’ai toujours laissé passer mes chances parce que je ne les vois pas
- tous les mecs biens qui sont encore libres, je ne les remarque jamais,
En conséquence, Il faut arrêter de se lamenter sur notre sort (dont nous sommes responsable) et modifier notre état d'esprit et notre comportement
5) ce qu'on devrait faire
- essayer si possible de m’intéresser à un autre genre de filles
- modifier plutôt mes critères de sélection
- s’investir dans une direction différente de mon habitude
- ne plus laisser passer ma chance car c’est mon comportement ou mon état d'esprit qui "coincent" et non le manque de bonnes opportunités
ATTENTION : Il doit être clair pour tout le monde que les exemples que je viens de donner ainsi que les solutions suggérées, ne sont là que pour illustrer le cheminement de pensée à suivre et ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Il incombe à chacun d'identifier ses problèmes par rapport à sa situation particulière et d'y apporter les solutions adéquates.
PS : Ce que j’écris ici ne vaut pas uniquement pour le domaine sentimental mais aussi pour le domaine sexuel, professionnel, social, et s'étend à peu près tous les autres domaines de la vie.
- tous mes partenaires sexuels sont nuls
- je me fais exploiter dans tous mes jobs
- tous ceux que je croyais des amis m'ont trahis
- à tous les examens je tombe toujours sur le seul sujet que je ne connais pas
- tous les plombiers m'arnaquent
Quand on en arrive à ce genre de conclusions ou dans le même style, tout doit nous porter à croire que nous sommes à l'origine du problème.
Pour étayer un peu plus ce que j'affirme, voici une histoire vécue.
J’ai une amie de longue date, psychologue (mais ne dit-on pas que ce sont les cordonniers les plus mal chaussés) qui, à l’aube de ses 40 ans, n’a pratiquement jamais vécu de relation "sérieuse" et que je n’ai toujours connu que célibataire. Pourtant, c'est une fille plutôt très séduisante, gaie, cultivée, qui a de l’esprit et un caractère attachant, enfin bref, elle possède tous les atouts pour plaire à pratiquement n’importe qui et elle ne demande à priori qu’à vivre une belle histoire.
C’est donc, à mon avis, une femme qui n’a que l’embarras du choix et une apparente motivation et malgré cela, comme je le disais, elle est toujours seule.
Alors bien sûr, elle a des amants de temps en temps, mais les quelques hommes à qui elle a réellement accordé un intérêt au delà de la bagatelle, les quelques relations dans lesquelles elle s'est un tant soit peu investie se sont soldées par des échecs (relations sans suite, de courte durée, même lorsqu’elle aurait souhaité qu’il en fut autrement).
Comment est-ce possible ?
Quand je lui pose la question, elle se l’explique par un manque de chance et un manque de temps, mais comment peut-on parler de chance ou de temps après une bonne vingtaine d’années passées à cumuler des histoires sans lendemain ou à privilégier des hommes qui se sont avérés incapables de s’investir (ou avec qui elle-même a été incapable de s'investir) ?
Je cherchais avec elle une explication quand j'ai repensé à la façon dont nous nous étions connus il y a 8 ans, grâce à un site de rencontre sur le web. Nous nous sommes vus, elle m’a plu et je ne lui déplaisais pas, nous nous sommes même embrassés une fois, mais finalement, malgré plusieurs rendez-vous, elle ne m’a pas accordé plus d’intérêt que ça sur le plan sentimental et j’ai laissé tombé l’idée d’entreprendre quoi que ce soit avec elle sur ce plan. L'été suivant, cherchant tous deux quelqu'un avec qui partir en vacances, nous sommes finalement partis ensemble plusieurs fois et sommes devenus amis. Nous nous apprécions toujours mutuellement beaucoup.
Lorsqu’aujourd’hui je lui pose la question de savoir quelles sont les qualités qu’elle recherche chez un homme, elle reconnait que, globalement, ces qualités rejoignent à peu près celles qu'elle me prête. Il faut dire qu'en 8 ans d'amitié, elle a eu le temps de me connaitre tel que je suis. Quand à la question de l’attraction physique, là non plus, elle avoue sans peine que je ne lui déplais pas. Elle sait aussi que je suis plutôt "un mec sérieux" puisque depuis 8 ans j’ai privilégié les relations longues et durables. De plus, à l’époque de notre rencontre, je m'étais montré disponible, motivé et intéressé par elle.
Quand après cela, je lui demande "pourquoi alors n'as-tu jamais cherché à ne serait-ce que tenter une relation avec moi ?", elle avoue qu’effectivement, vu sous cet angle elle ne comprend pas elle-même, que ça n’est ni rationnel, ni logique.
Ce que je veux démontrer ici c’est que durant ces 20 dernières années, cette amie a du croiser le chemin de centaines d’hommes (à raison d’une seule rencontre par mois, cela ferait déjà 240 rencontres) et, aussi "exigeante" qu’elle puisse être, il est impossible que dans le lot de ces rencontres tous ces hommes aient été objectivement sans intérêt, j’en suis la preuve vivante puisqu’elle le reconnait elle-même à mon sujet.
Si elle est toujours seule aujourd’hui ça n’est donc bien ni par manque d’opportunité, de chance, ou de trop grandes attentes, mais simplement parce que de toutes les opportunités qui se sont présentées (les bonnes y compris), elle n’a jamais accordé son intérêt aux personnes susceptibles de lui permettre d'atteindre ses objectifs sentimentaux.
En résumé, des chances elle a du en avoir de multiples, comme tout le monde, mais elle ne les a jamais saisies et est finalement passée à coté de toutes.
Dans le même temps, pratiquement toutes ses amis se sont fiancées, mariées, installées et ont même eu des enfants. Mêmes "chances" au départ mais pas le même résultat à l’arrivée.
Morale de l’histoire, il serait sans doute temps qu’elle commence à se poser de sérieuses questions sur elle-même, identifie le problème, revoit ses priorités et la façon dont elle sélectionne les hommes parmi ceux qui croisent sa route. La chance, le destin ou la fatalité n’ont vraiment rien à voir là dedans.
Ce qui fera la différence entre réussite et échec c’est notre libre arbitre, notre liberté de choix, d’action, liberté aussi de se planter à répétition si nous ne prenons pas conscience que tout ne dépend que de nous-même.
V - CONCLUSION : NOTRE CHANCE C'EST NOUS
En amour comme ailleurs, nous sommes responsables de nos échecs à répétition, cela ne fait aucun doute. Cela sonnera peut-être comme une mauvaise nouvelle aux oreilles de ceux et celles (et j’en connais personnellement beaucoup) qui jusqu’à présent se réfugient dans la bonne excuse du manque de chance pour éviter d’endosser cette responsabilité et se remettre en question, en revanche la bonne nouvelle c’est que l’inverse est vrai aussi. Nous sommes responsables de nos succès.
Une fois qu’on est conscient de notre pouvoir à agir sur les cours des événements, on peut parfaitement éviter de réitérer ses échecs, donc en partie de connaître plus de succès (et là, ce sont les autres qui diront de vous que vous avez vraiment trop de chance dans la vie) mais vous comme moi saurons que la chance n’y est pas pour grand chose.
Peut-être ne me croirez-vous pas mais je connais des personnes qui ne tombent pratiquement toujours que sur de très "bons coups" au lit, qui ne rencontrent que des hommes ou des femmes très sains, très gentils, généreux et honnêtes, qui font toujours les meilleures affaires, qui se font rarement avoir ou escroquer, etc... Ces personnes n’ont pas plus de chance que vous et moi, simplement entre un fruit pourri et un fruit mur à point, là où d’autres choisirons systématiquement le pourri en pensant que c'est la faute du destin, ces personnes n’hésiterons pas une seconde à se précipiter sur le meilleur sachant qu'il ne dépend que d'elles-mêmes de faire le bon choix (ou le mauvais).
Pour parvenir à cela il faut être capable d’identifier nos échecs, de se remettre en question, faire un peu d’introspection pour comprendre pourquoi on répète inlassablement certaines erreurs (et bannissons à jamais l’excuse de la malchance), prendre des risques et tenir compte des expériences malheureuses pour éviter de les reproduire (faire une erreur une fois cela s’appelle l’expérience c'est normal et même conseillé car on apprend que de ses erreurs, répéter les mêmes erreurs c’est de la stupidité), définir ou redéfinir ses priorités, ses attentes, ses besoins et ne pas forcément toujours se faire confiance lorsque les expériences passées nous ont montré que notre intuition était trompeuse.
Il y a de vraies fatalités dans l'existence (la mort de nos proches, un licenciement économique, les attentats, la guerre, certaines maladies, et bien d’autres choses encore) on ne peut le nier mais ça n’est pas un raison pour se positionner systématiquement en victime pour tout et tout le temps. Tout d’abord c’est faux, nous l’avons vu dans ce billet en ce qui concerne les échecs amoureux à répétition, ensuite cela ne résout rien et surtout cela ne permet jamais d’avancer.
A partir du moment où nous possédons ces trois outils; libre arbitre, liberté de pensée et liberté d’action, les possibles sont pratiquement illimités, certaines routes cependant ne mènent nulle part, il ne tient qu'à nous de les éviter pour emprunter les bonnes.
Et conservez toujours ce qui suit dans un coin de votre tête : un dé ne tombe jamais 6 fois sur la même face sauf si quelqu'un s'arrange pour obtenir ce résultat (et c'est souvent nous-même), que nous en soyons conscient ou non.
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COMMENTAIRES
1. Le dimanche 14 septembre 2014 à 14:11, par Socrate Caron
2. Le dimanche 21 septembre 2014 à 02:02, par Lou
3. Le dimanche 28 septembre 2014 à 12:46, par Socrate Caron
4. Le samedi 22 novembre 2014 à 09:21, par Nev