Vaincre la peur de souffrir : Comment ne plus avoir peur d’aimer ?
Par Mister L, lundi 14 juillet 2014 à 12:07 :: Conseils Amoureux :: #27 :: rss
Comment aborder une relation amoureuse potentielle sans appréhension ? Quelle attitude adopter pour donner le maximum de chances à une relation d’exister sans que la crainte de la souffrance ne vienne parasiter notre enthousiasme et freiner nos élans ? Comment concilier nos attentes avec la réalité et vaincre la peur d’aimer ?
J’ai conclu le précédent billet "La souffrance ne fait-elle pas partie du Bonheur?" en disant que chercher à tous prix à échapper à la souffrance en amour était un excellent moyen de ne jamais connaître l’amour, tout simplement parce que amour/bonheur et souffrance étant intimement liés, désirer l’un sans embrasser l’autre relevait du paradoxe et du non-sens. Que par inversement logique, échapper à la souffrance revenait à s’auto-soustraire au bonheur d’aimer et d’être aimé et donc à souffrir d’une autre manière.
C’est pourquoi, je voulais aller encore plus loin en analysant ce qu’est la peur en général, comment la gérer, comprendre d’où provient la peur de l’amour en particulier, rechercher les différentes attitudes possibles face au problème et faire le tri entre celles qui sont viables et celles qui sont à bannir. En bref, la question du jour est : Comment ne plus avoir peur d’aimer ?
Nota Bene : Si vous ne l'avez pas déjà fait, avant de lire ce billet, je vous suggère vivement de vous pencher sur le précédent "La souffrance ne fait-elle pas partie du Bonheur?" dont cet essai est en réalité la suite. Cela vous en facilitera certainement la lecture dans la mesure où je reprends certains concepts que j'ai eu l'occasion de développer plus en détails dans le précédent et qui ne sont ici qu'effleurés.
I - COMPRENDRE NOS RÉACTIONS FACE À LA PEUR ?
Limites du sujet : Je n’aborderai pas ici les cas de peurs maladives ou d’anxiété chronique. Je laisserai donc de côté les troubles obsessionnels, troubles de la personnalité ou les peurs de types névrotiques comme les phobies dont l’apaisement relève plus de la thérapie cognitivo-comportementale que de la pure réflexion ou de l’analyse logique. Je vais simplement m’attacher aux peurs "normales" même si, comme nous allons justement le voir, elles aussi relèvent parfois de l’irrationnel (la frontière entre le pathologique et la norme est souvent ténue).
A - Qu’est-ce que la peur ?
On peut la définir comme une émotion ressentie lorsque se retrouve dans une situation dangereuse ou que nous identifions potentiellement comme telle (perspective de danger).
Mais à quel moment une situation nous apparait-elle comme dangereuse ?
Simplement lorsqu’elle est potentiellement capable de porter atteinte à notre intégrité physique ou morale de façon plus ou moins critique. Toute situation dangereuse est donc perçue à différentes échelles comme une menace pour notre sécurité ou notre équilibre.
Je voudrais maintenant souligner un autre point qui va s’avérer fondamental pour répondre aux questions qui se posent dans ce billet. Il s’agit de la différence entre les peurs rationnelles et les peurs irrationnelles.
a) Les peurs rationnelles
J’appelle "peurs rationnelles" des peurs dont l’origine est la perception d’un danger réel. Des peurs générées par un danger correctement identifié et non issues d’une interprétation erronée de la situation ou provenant de notre imagination.
Lorsque je traverse une autoroute à pieds, le risque que je cours de me faire renverser est parfaitement réel, il ne résulte pas d’une mauvaise analyse de la situation mais bien de l’existence d’un danger avéré. La peur qui en découle est parfaitement justifiée, logique et rationnelle. Le contraire serait de l’inconscience (non perception d’un danger réel).
Idem si j’apprends que j’ai neuf chances sur dix de perdre mon emploi alors que j’ai une famille a nourrir et des crédits sur le dos. La perspective de me retrouver à la rue est réelle. La peur d’être licencié est fondée.
Rentrer dans la cage d’un lion, effectuer une acrobatie au dessus du vide sans filet, rouler à grande vitesse en moto sans protections, aller nager seul jusqu’au large, etc... dans tous ces cas, le danger est loin d’être le fruit de l’imagination, les peurs qui en découlent sont rationnelles et même salutaires. Ces peurs nous empêchent de prendre un risque potentiellement mortel et nous poussent à nous protéger ou à contourner le danger.
b) Les peurs irrationnelles
Ce sont toutes les autres. Des peurs qui ne reposent pas sur une perception correcte de la situation. Des peurs qui résultent d’une mauvaise analyse (ou d’aucune analyse). On imagine un danger là où il n’y en a pas, ou on interprète comme dangereux quelque chose qui, en réalité, ne l’est pas.
De multiples causes conscientes comme moins conscientes peuvent expliquer notre incapacité à évaluer correctement une situation. Il suffit d’avoir été mal informé, de méjuger, de préjuger, de mal interpréter, de surévaluer les enjeux, d’avoir un peu trop d’imagination, d’être trop pessimiste, d'être atteint d'un quelconque trouble de la personnalité, d'être psychiquement fragilisé par une mauvaise expérience passée ou simplement de manquer de confiance en soi pour qu’une situation qui n’est, dans les faits, absolument pas dangereuse, soit perçue à nos yeux comme telle.
Dans tous les cas, qu’il y ait ou pas correcte évaluation de la situation, si le danger est pressenti, le mécanisme de la peur opère de façon identique. Perception du danger =>(provoque) Peur. Mais cette peur là n’est pas rationnelle car le danger n’existe pas vraiment ailleurs que dans notre esprit. Bien que le risque que l’on court alors soit imaginaire, la peur générée est, elle, en revanche, bien réelle.
Je dois parler en public à une réunion de travail mais je panique. Je dois sauter dans la piscine depuis le plongeoir des 2 mètres et mes jambes se dérobent. Je dois rappeler cette fille mais je n’ose pas, je ne saurai pas quoi lui dire et cela me tétanise. A la fête foraine, impossible de monter dans le chariot de la montagne russe, l’idée de me retrouver propulsé à 80 km/h la tête en bas me terrifie, je dois prendre l’avion mais j’ai peur qu’il s’écrase, etc...
Toutes ces peurs sont réelles bien que le danger soit pratiquement inexistant (le risque zéro n’existe pas mais, lorsque les chances sont infimes qu’il advienne quelque chose de grave, on ne peut pas, raisonnablement, considérer cela comme un danger).
S’adresser à un auditoire de cinq collègues, plonger des 2 mètres dans l’eau, séduire une fille, prendre un 747 ou faire un tour de manège à sensation ne sont pas à proprement parlé des situations dangereuses. Et comme je l’ai écrit au départ, je n’aborderai même pas les phobies qui sont, pour le coup, totalement irrationnelles.
Ces peurs n’ont aucune raison d'être valable parce que le danger pressenti qui les sous-tend n’existe que dans notre tête.
Ce qui fait la différence entre une peur fondée et une peur irrationnelle est notre capacité à évaluer correctement une situation et l’importance du risque inhérent. Nous allons voir par la suite que c’est cette capacité qui fait défaut aux personnes que la perspective de l’amour apeure.
B - Rapport entre Peur et évaluation du danger
Pour bien saisir le mécanisme de genèse de la peur, je vous propose d’étudier quelques situations. Nous allons déterminer le type de réaction qu’engendre une analyse pertinente ou erronée.
a) Absence de perception d’un danger : Je dois monter sur un escabeau bien stable pour remplacer une ampoule. Je vais me retrouver à 50cm du sol, aucune chance (ou alors bien mince) pour que je tombe et même en cas de chute aucune chance de me blesser gravement étant donné la hauteur à laquelle je me trouverai. Aucun risque d’atteinte de mon intégrité physique, pas de danger perçu => pas de peur.
b) Danger issu de l’imagination : j’ai regardé un film d’horreur avant d’aller me coucher, impressionnable, je finis par entrevoir la possibilité que le monstre du film puisse s'être caché sous mon lit et que lorsqu'il fera noir, il sorte de sa cachette pour me dévorer. L’analyse est fausse car le danger n’existe que dans mon imagination mais la perspective de ce danger imaginaire génère la => peur irrationnelle du noir (ou des monstres qui se cachent sous les lits).
c) Danger issu d’une mauvaise interprétation de la situation : Je dois aller chez le dentiste, il va me faire mal, donc porter atteinte à mon intégrité physique => danger.
L’analyse est partiellement juste car le dentiste risque effectivement de faire mal avec ses instruments (douleur = atteinte à l’intégrité physique), mais la situation est mal interprétée car cette souffrance redoutée n’est pas le symptôme d’un danger. La douleur causée par la roulette sera salutaire pour guérir la dent et éviter à terme un danger réel non perçu : l’infection. En toute logique, ça n’est pas du dentiste dont on devrait avoir peur mais de la carie (ou plus exactement de l’infection qui pourrait en résulter si non soignée).
d) Danger réel perçu : Je marche sur une plateforme instable à 5 mètres au dessus du vide sans le moindre équipement de sécurité, je risque donc de perdre l’équilibre à tout moment et m’écraser 5 mètres plus bas ce qui pourrait causer ma mort ou au minimum de très graves blessures. Le danger perçu est réel => peur rationnelle de la chute.
e) Danger réel non perçu issu d’une analyse erronée de la situation : Je vais cueillir ces champignons pour les cuisiner ce soir, ils n’ont pas l’air vénéneux (alors qu’en réalité ils le sont). Aucun danger perçu=> absence de peur. Dans ce cas là, le risque d’empoisonnement est pourtant bien réel mais l’analyse de la situation est complètement fausse. L’absence de peur qui en résulte s’appelle de l’inconscience.
La peur est donc bien la conséquence de la perception ou de l’analyse d’un danger. Ce danger n’a pas forcément besoin d’être réel pour engendrer une peur. Il peut résulter d’une mauvaise interprétation de la situation ou simplement d’une imagination trop fertile.
C - Comment s’attaquer à la peur ?
Pour agir sur la peur on peut soit :
- s’attaquer à la peur elle-même ou son origine (quand la peur est irrationnelle et qu’il n’y a donc aucun danger réel)
- se concentrer sur le danger (qu’il soit réel ou imaginaire)
1) Devant un danger non réel / Peur irrationnelle --> Gérer la peur elle-même : Se rassurer / se raisonner.
La première chose à faire est de remettre en question notre analyse de la situation. Il faut se demander si notre peur est vraiment fondée ou pas, c’est à dire si le danger perçu qui en est à l’origine ne pourrait pas être le résultat d’une mauvaise interprétation/analyse de la situation ou, plus simplement encore, le fruit de notre imagination. Quand la situation le permet, il faut prendre du recul pour la ré-évaluer, permettant de rétablir la réalité et faire apparaitre l’absence de danger réel. Conséquemment, entrainer la disparition de la peur irrationnelle qui est liée à ce danger (qui n’existe pas réellement).
Par exemple, demain je vais prendre mon premier cours de trapèze volant. Je devrai gravir une échelle jusqu’à une plateforme située à 10 mètres de haut puis m’élancer de cette plateforme pour me balancer sur un trapèze. J’angoisse d’avance, j’ai peur de chuter et de me faire mal si je lâche le trapèze. Au lieu de nourrir ma peur en laissant mon imagination vagabonder de supputations en suppositions plus catastrophiques les unes que les autres, je prends un peu de recul et ré-évalue la situation calmement. En y réfléchissant mieux, je m’aperçois qu’en réalité je ne cours aucun risque car avant même de poser le pied sur le premier échelon, je serai assuré par un harnais solidement attaché à moi et même si celui-ci venait à lâcher par accident, il y aura la seconde sécurité d’un filet tendu au dessous de moi prêt à me recevoir en douceur. Il sera donc logiquement et rigoureusement impossible de se blesser en cas de chute.
En faisant ce travail d’analyse de la situation, je m’aperçois que le danger est inexistant, ma peur initiale n’était fondée que sur une mauvaise interprétation, je me suis raisonné, je suis rassuré => Plus de peur (tout au plus, une appréhension normale qui ne m’empêchera pas d’effectuer cet exercice de trapèze volant et qui aura totalement disparue après ma première tentative).
Autre exemple, la timidité (qui est aussi la conséquence d’une peur). Je voudrai bien aller aborder cette fille mais c'est la possibilité qu’elle me repousse qui me bloque ayant déjà été connu ce type d'échec. Si elle me rejette je serai à nouveau blessé dans mon amour propre, la blessure narcissique est perçue comme une menace potentielle de mon intégrité morale. J’ai peur d’aller lui parler. Si j'y réfléchissais à deux fois, je me rendrais compte qu’il y a mésinterprétation de la situation car, d'une part même si une fille m'a rejeté par le passé, rien ne dit celle-ci me rejettera (elle n'est pas l'autre), d'autre part, même si cela arrive encore et qu’il n’est jamais agréable de "se prendre un râteau", en aucune façon un égo un peu froissé ne représente un danger pour mon équilibre mental. Que risque-je à tenter? Au pire il ne se passera rien, au mieux, je ferai sa connaissance. Je n’ai rien à perdre. L'origine de ma peur est essentiellement due au souvenir (visiblement traumatisant) d'un échec passé et non due à la situation présente. La peur est infondée et ne résiste pas à l’analyse logique. Elle disparait donc (à moins d’être un timide maladif mais dans ce cas, c’est du ressort de la psychothérapie et cela sort du cadre de ce billet).
Dans tout ces cas, ce n’est jamais le danger qui a été combattu (puisqu’il n’existait pas réellement) mais la peur elle-même. Peur infondée puisque danger non-réel. La peur a été écartée en se rassurant grâce à une analyse plus juste de la situation, une correcte évaluation de la réalité.
2) Face à un danger réel ou perçu comme tel-> Peur non gérable directement
S’il n’y a eu aucune analyse judicieuse préalable ou qu’il est avéré que le danger est réel à l’issue d’une juste interprétation de la situation, la peur ne peut-être directement combattue. Le seul moyen de la calmer est donc de se focaliser sur le danger lui-même. Dès lors il n’y que deux options/réactions possibles face au danger : Fuir ou Affronter
a) Eviter la confrontation -> Fuir :
C’est généralement la première et plus habituelle réaction face à la peur. Prendre ses jambes à son cou pour mettre le plus vite possible, le plus de distance possible entre soi et la source du danger. Ça n’est pas la réaction la plus courageuse, ça n’est pas non plus celle qui nous permettra de nous assurer de la réalité du danger ou de la menace mais elle a le mérite de nous délivrer de la peur. Une fois loin du danger (imaginaire ou réel), la peur (irrationnelle ou normale) n’existe plus.
Voici l’exemple d’une peur irrationnelle à un moment où elle se soustrait à l’analyse (pas le temps ou la capacité de le faire tant elle vous submerge)
Je marche dans la rue en pleine journée, je suis une femme seule et depuis un moment j’ai l’impression qu’un homme marche dans mes pas. Me suit-il vraiment, est-il dangereux, ses intentions sont-elles malveillantes ? La peur m’envahit devant la possibilité que cela soit le cas. J’accélère mon pas et au détour de la rue suivante, prend la fuite dans le premier taxi que je croise. Y avait-il danger réel ou pas, rien ne permet de le dire et personne ne le saura jamais, la fuite a permis de mettre un terme à la peur. Dans la mesure où la confrontation n’était pas nécessaire, peu importe de savoir si la menace était réelle ou imaginaire, la fuite est une solution viable.
Autre exemple où cette fois la peur est logique car le danger est avéré.
Je suis assis sur un coin de verdure au bord de l’eau et j’entends un bruissement dans les feuilles non loin de moi, j’aperçois un serpent approcher. Je n’hésite pas, je me lève et m’enfuis rapidement. Dans ce cas, il n’y a pas besoin de prendre le temps d’évaluer la situation, il est clairement risqué de rester sur place, le danger n’est pas imaginaire, la potentialité de se faire mordre est réelle.
Cela dit, fuir n’est pas toujours une solution possible ou envisageable lorsque les circonstances rendent cette fuite impossible ou que la confrontation avec l’objet imaginaire (ou réel) de la peur est nécessaire. Dans ce cas, courage ou pas, ne reste comme option que la confrontation au danger.
b) Assumer la confrontation -> Combattre :
Affronter le danger, réel ou imaginaire en faisant appel à notre courage (ou résignation).
- S’il s’agit d’un danger imaginaire cela revient à agir sur sa peur elle-même, à la différence près qu’elle aura été gérée par confrontation avec le danger imaginaire (expérience) et non par analyse de la situation.
Je suis persuadé qu’un monstre se cache sous mon lit. Je ne peux pas fuir ma propre chambre et il faut que je finisse par trouver le sommeil. Je n’ai pas le choix, malgré la peur, je me lève pour vérifier qu’il n’y a rien sous le lit. Une fois la constatation faite qu’aucun monstre ne se cache, rassuré, ma peur s’évapore. S’il y avait eu analyse, je n’aurais même pas eu besoin de me lever de mon lit, je me serais résonné, mais en me confrontant au danger (imaginaire dans ce cas) c’est bien par mon expérience (vérification sous le lit au risque de tomber sur le monstre imaginaire) que j’écarte le danger et mets ainsi un terme à cette peur irrationnelle.
- Si le danger est réel, l’affronter et le vaincre ou prendre les mesures pour réduire le risque à néant le fera disparaitre, entrainant par la même avec lui la peur qu’il a généré.
Je dois me faire opérer, il y a forcément des risques de complications comme dans toutes opérations, le danger n’est pas imaginaire ni issu d’une mauvaise interprétation de la situation mais n’ayant pas le choix je passe sur le billard tout en ayant pris le maximum de précautions possibles (choix d’un bon hôpital, du meilleur chirurgien) pour minimiser les risques, j'ai déjà moins peur. L’intervention se passe bien et à mon réveil je suis rassuré, la peur (normale) a disparue, le danger est derrière moi.
Maintenant que nous avons passé en revue les différentes situations et les réactions possibles face à la peur, bien compris la différence entre les peurs normales et les peurs irrationnelles, rapprochons-les de la thématique amoureuse.
II - LA PEUR DE LA RELATION AMOUREUSE
A - Pourquoi la perspective de l’amour peut-elle faire peur ?
On a vu qu’un danger était la menace réelle ou imaginaire d’une atteinte à notre intégrité physique ou morale.
Le premier et plus commun des signaux d’alarme nous permettant de percevoir cette atteinte à notre intégrité physique est la douleur. La potentialité de la souffrance est de ce fait, dans notre esprit, synonyme de danger potentiel. Comme c’est aussi la perspective d’un danger qui génère la peur, cela explique donc bien pourquoi l’idée de la souffrance fait peur.
perspective de souffrance => alarme d’atteinte à l’intégrité => danger => peur
par glissement, dans notre esprit : Perspective de souffrance => Peur
Et cela se confirme bien, puisqu’il est rare que devant la douleur ou sa perspective, quelle qu’elle soit, nous nous sentions parfaitement rassurés et exempts du moindre stress (qui se réjouit à l’idée même d’une simple piqûre?). La douleur est rarement annonciatrice de bonnes nouvelles étant en général la conséquence d’un problème (symptôme).
L’amour et le bonheur, pour toutes les raisons et mécanismes détaillés dans le précédent billet ne peuvent qu’aboutir à la souffrance. Nous avons tous connus un jour ou l’autre cette douleur (chagrin d’amour, déception, deuil, etc...) consécutive à un bonheur. Ainsi je reprends l’équation finale échafaudée dans le précédent billet
Amour + temps limité = souffrance (à terme)
Si maintenant j’accole cette équation à celle que j’ai établie plus haut, nous avons :
Amour => perspective de souffrance => atteinte à l’intégrité => danger => peur
soit : Amour => Peur
On pourrait même mettre "peurs" au pluriel car s’ajoutent souvent d’autres peurs comme celle de l’échec et de la déception.
Cela explique donc logiquement pourquoi la perspective de l’amour peut sembler recéler un danger, représenter un risque et parvenir à générer une peur.
Je soulignai un peu plus haut que nous avions tous connus cette douleur à un moment où à un autre, nous avons tous déjà été (ou serons) victimes d’expériences douloureuses liées à l’amour. Le souvenir de ces expériences joue un rôle non négligeable dans les mécanismes de peur de l'amour.
Pour la plupart d’entre-nous, le souvenir de la douleur consécutive à un événement particulier, nous pousse juste à la vigilance afin de percevoir le danger s’il se présente à nouveau afin d’éviter que le problème ne se reproduise. La mémoire d'une seule brûlure nous pousse à éviter de remettre à jamais la main sur une flamme et c'est une bonne chose.
Mais pour certains d’entre-nous, les choses se passent différemment et suite à un “traumatisme amoureux” l’inconscient peut aussi jouer un rôle non négligeable en mettant en branle des mécanismes de protection sur lesquelles nous n’avons aucun pouvoir (puisque par définition nous n’en sommes pas conscient). Et là n'est pas juste un petit surplus de vigilance que cela engendre mais cela peut carrément aller jusqu'à modifier notre faculté à évaluer la réalité (et percevoir le danger là où il n'est pas), générer des conduites irrationnelles menant à la répétition de comportements involontaires, répétitifs, irrésistibles, irrationnels et inconscients qui sont préjudiciables dans nos relations aux autres (provoquant la fuite ou le rejet par exemple).
Je ne m'étendrai pas sur ce sujet mais vous invite à vous pencher sur un autre de mes essais dès la fin de la lecture de celui-ci, autre billet dans lequel j’ai abordé (entre autres) encore plus en détails ce type de mécanisme et les troubles de la personnalité qui s’y rattachent. (A lire dans : Malchanceux en amour : fatalité ou libre arbitre ?)
B - Dissection d'une peur irrationnelle
Cette peur de souffrir en amour est réelle, cependant est-elle rationnelle pour autant ?
NON bien évidemment.
Il n’est pas plus rationnel d’avoir peur de l’amour (même s’il peut engendrer de la souffrance) que d’avoir peur du dentiste. Pas plus le dentiste que l’amour et le bonheur ne sont dangereux ou mortels (ça se saurait depuis le temps). Tout au contraire, même si la souffrance est inévitable à un moment ou à un autre, il y a, à priori, plus d’effets positifs à retirer d’une visite chez le dentiste et d’une histoire d’amour que de conséquences dramatiques.
Qu’est-ce qui explique alors cette peur ?
Comme pour toutes peurs irrationnelles, la réponse se trouve dans l’incapacité à analyser la situation, interpréter les signaux et à évaluer les risques. Surtout lorsque les signaux sont trompeurs et c’est justement le cas ici.
Le principal fautif qui est à la source de cette mauvaise interprétation est la perspective de la souffrance.
Dans la plupart des situations de la vie courante, comme je l’ai rappelé au début de ce chapitre, la souffrance (la douleur) est le meilleur signe que notre cerveau ait trouvé pour nous avertir d’un péril physiologique. Si j’ai mal c’est que quelque chose ne va pas et si je ne fais rien, le risque que cela empire augmente, donc souffrance = danger.
Seulement cela ne se vérifie pas dans tous les cas de figure. Il y a des douleurs qui ne sont le signe de rien de grave, il y en a même qui sont bon signe (contractions d’une femme enceinte, courbatures après un bon entrainement, etc...). Il y a aussi des douleurs que l’on peut soit même s’infliger pour aller mieux (piqûre de vaccin, nettoyage d'une plaie à l'alcool, manipulation d’ostéopathe, roulette du dentiste, etc...).
Lorsque nous sommes conscient que des douleurs sont salutaires nous ne les associons pas à la possibilité d’un danger et même si nous les appréhendons (car il n’est jamais agréable de souffrir) elles ne nous font pas peur pour autant sachant qu’elles sont au contraire le signe que tout va bien ou que nous allons aller mieux après.
A l’inverse de la douleur que m’occasionne la carie (symptôme me prévenant d’un réel danger d’infection), comme je l’ai souligné auparavant, la douleur ressentie chez le dentiste n’est pas synonyme de danger, mais au contraire, elle est normale dans cette configuration et synonyme de guérison à venir donc de sécurité. Je n’ai aucune raison logique de m’inquiéter de cette souffrance là (forcément désagréable mais normale et salutaire)
Pour les "phobiques" de l’amour, tout le problème vient principalement de là (mais pas que).
Ils attribuent à la souffrance une signification qu’elle n’a pas. C’est exactement comme la peur du dentiste.
Ils n’ont pas encore réalisé que cette peur est irrationnelle car la souffrance qu'ils redoutent en se lançant dans une histoire d’amour est le signe qu'ils vont connaitre un grand bonheur (on ne souffre pas de la perte de quelqu’un ou de quelque chose qui nous laisse indifférent).
Cette souffrance redoutée est non pas le signe d’un danger mais tout au contraire de la sécurité (affective) et du bonheur le temps que durera de la relation.
Ce qui fait défaut aux terrorisés de l’amour est d’abord leur incapacité à comprendre la situation et replacer les choses dans leur contexte pour leur ôter tout caractère de dangerosité. Le problème c'est surtout leur inaptitude à relativiser pour dépasser les appréhensions et ainsi être capable de passer à l’action, concrètement, défaut d'analyse et manque de confiance en soi.
La peur d’aimer provient principalement d’une mauvaise interprétations des signaux. Cela fait pointer dans notre esprit la potentialité d’un danger là où en fait il n’y en a aucun.
La peur irrationnelle que génère la perspective de la souffrance possible en cas d’échec de la relation est un leurre.
C - Quelles sont les réactions à éviter face à la peur de la souffrance en amour ?
Devant la perspective d’une relation amoureuse, lorsqu’elle est perçue (à tort) comme potentiellement risquée, la réaction de "protection" la plus courante est la fuite consciente, explicite, assumée, volontaire ou la fuite inconsciente, implicite, involontaire. Dans les exemples suivants certains d’entre-vous se reconnaitront peut-être.
1) Fuite consciente :
Ne même pas tenter de développer la moindre relation et/ou y mettre un terme de façon claire et directe avant que ne puisse s’installer le moindre sentiment.
"Je ne préfère pas m’engager, restons-en là, ça n’a rien à voir avec toi mais tu comprends, j’ai déjà trop souffert, je ne veux plus me retrouver dans la même situation et là je sens que si on continue à se voir je vais tomber amoureux(se) et ça me fait peur".
Si je me risque à une analogie entre monter sur un ring et s’engager dans une relation amoureuse, on pourrait dire ceci :
Les personnes qui pensent que le meilleur moyen de ne pas prendre de coups est de ne pas monter sur le ring sont aussi celles qui n’ont aucune chance de gagner le match. Elles restent spectatrices. Certes aucune chance de souffrir, en revanche, il est certain aussi qu’on n’a aucune chance de remporter quoi que ce soit. On abandonne avant même d’essayer, paralysé par la peur de s’écrouler au premier direct.
C’est typiquement l’attitude des personnes paralysées par la peur de s’engager dans une relation amoureuse. Incapables de supporter l’idée d’une possible souffrance parce qu’incapables de considérer cette souffrance comme inhérente au jeu (et finalement plutôt bon signe). Pour ces personnes, aucune victoire envisageable puisqu’elles se sont auto-éliminées avant même d’avoir commencé.
Faire quelque chose qui vous assure de ne jamais gagner juste par peur de souffrir n’est pas une option si on cherche l’amour et le bonheur. Donc, la fuite explicite est une attitude à mettre à la poubelle sine die ! Elle ne résout rien, ne calme la peur qu’un temps et ne permet pas de prendre conscience de l’irrationalité celle-ci.
2) Fuite inconsciente :
C’est à dire qu’en apparence ces personnes ne manifestent pas de refus clair, voire même elles expriment une certaine motivation à se lancer dans une relation mais adoptent un comportement, une attitude, un état d'esprit qui, bien qu'elles n'en soient pas conscientes, qui aboutira à la désertion, la fuite ou le rejet de l'autre, l'évitement de chaque opportunité de relation, et tout cela en les laissant toujours dans l'illusion d'avoir tout fait pour que ça marche pour finir le plus souvent par rejeter la responsabilité de l'échec sur l'autre ou sur personne (la fatalité) mais jamais sur elles-mêmes.
Par exemple, elles entament la relation mais d’un autre côté ne s’y investissent tellement pas (comportement de sur-protection inconsciente), ou s’ouvrent tellement peu (ou pas) à l'autre, ou encore ne parviennent jamais à se rendre assez disponible qu'en fin de compte cela revient pratiquement au même que de fuir.
Pour reprendre mon analogie avec la boxe, on peut imaginer quelqu’un qui monterait bien sur le ring, donc en apparence accepte de jouer la partie mais qui se présenterait en armure. A la seconde où l’adversaire aura compris qu’on ne suit pas les règles il refusera de jouer la partie et vous serez disqualifié. Pourquoi lui accepterait-il de se battre nu au risque de recevoir des coups alors qu’en face, l’autre ne pourra jamais les ressentir sous sa cuirasse ? C’est totalement injuste. Game over.
Si on est en permanence sur la défensive, non disponible, tellement exigeant que personne ne peut jamais satisfaire nos attentes, etc... à quoi bon engager la partie? Dès que l’autre verra que vous mourrez de trouille et que vous ne vous livrez pas, que vous ne prenez pas le risque de lui faire confiance, de vous mettre un minimum en danger, d’accepter de potentiellement souffrir, de sauter sans filet, alors jamais il ne prendra lui-même ce risque, jamais il ne vous laissera pénétrer son territoire ou bien il se lassera d’une relation unilatérale tiédasse qui lui donne l’impression d’être face à un mur et laissera tomber avant d’avoir ressenti le moindre sentiment.
Se sur-protéger équivaut à se mettre hors-jeu, à prendre la fuite. En apparence on entame un match mais dans les faits on reste hermétique à l’autre et on ne lui laisse aucune chance de vous atteindre (en bien comme en mal). Cette fuite inconsciente est une réaction inadéquate elle aussi.
3) La fuite est-elle une option viable au final ?
Rappelez-vous ce que nous avons vu à la fin du premier chapitre. Il n’y a qu’un seul cas de figure dans lequel la fuite est une solution viable : lorsque le danger est réel ou/et que la confrontation n’est pas nécessaire.
Ici, le danger est imaginaire, la peur est irrationnelle et si le but est de trouver l’amour, la confrontation avec le danger (celui du possible échec de la relation amoureuse) est inévitable.
Alors, qu’elle se manifeste par l’incapacité de se lancer, la démission claire ou encore par la sur-protection consciente ou inconsciente, la fuite est évidemment la pire des solutions. Si en apparence elle semble nous mettre à l’abri du risque potentiel de souffrir un jour, elle ne résout rien.
- Elle exclue du jeu de l’amour et substitue à la perspective de souffrir, la perspective de finir seul (qui n’est pas plus enviable).
- Elle ne permet jamais de se remettre en question par l’expérience afin d’avoir une chance réaliser que cette peur est irrationnelle.
- Elle vous laisse dans l’illusion que la peur est légitime alors qu'elle ne l'est pas.
Dans ce cas précis, fuir n’est en rien la solution mais juste un bon moyen de passer à côté de tout et de persévérer dans l'erreur.
Alors, comment se protéger efficacement (de ses peurs irrationnelles, non de l’amour) ?
III - QUELLE ATTITUDE POUR VAINCRE LA PEUR ?
J’ai démontré un peu plus haut pourquoi la peur de l’amour était une peur irrationnelle (mauvaise interprétation des signaux) et en quoi le danger était imaginaire.
Dans le premier chapitre nous avons vu que pour vaincre une peur irrationnelle, il ne servait à rien de se focaliser sur un danger (pour le fuir ou l’affronter) puisque le danger était imaginaire mais que c'était à la peur elle-même qu’il fallait s’attaquer.
Par conséquent, nous comprenons que pour vaincre la peur de l’amour (peur de la souffrance, de l’échec, de la déception, etc...) il est inutile de fuir la relation (le danger n’existant pas). C’est sur notre perception de la situation et la peur elle-même que doivent se porter les efforts. Vaincre la peur de l’amour ne peut donc passer que par l’analyse et l’expérience (confrontation avec le danger imaginaire).
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?
Et bien justement il suffit d’observer le travail des boxeurs.
Ce travail ne commence évidemment pas au moment de monter sur le ring, on s’en doute bien. Il y a tout un entrainement avant le match. En quoi consiste-t-il ? Que font ces sportifs pour aborder leur combat dans les meilleures conditions possibles ?
Je ne suis pas un spécialiste du domaine mais j'imagine qu'au delà du fait qu’il faille s’entrainer à attaquer, à frapper (ce qui n’est évidemment pas le but de cette analogie), le travail préparatoire du boxeur c’est essentiellement :
- Stratégie : analyser d’où vient le danger pour adapter son jeu à la situation (réelle et non imaginaire)
- Défense : renforcer sa résistance non pas en endossant une armure (sur-protection) mais en s’endurcissant (musculature d’acier) pour parvenir à parer ou à encaisser les coups sans souffrir au point de se retrouver K.O
- Mental : se forger une état d’esprit de vainqueur en s’entrainant à gérer la pression et les pensées négatives (arriver perdant est le meilleur moyen de perdre)
Transposé au registre des relations amoureuses cela pourrait se formaliser ainsi :
Stratégie :
- Se méfier de notre propre incapacité à repérer/discerner d'où vient le vrai danger, remettre en question notre analyse.
- Réaliser que s’engager dans la relation ne représente en soit aucun danger, voilà le premier pas dans la bonne direction et j'ose espérer que grâce à ce billet, ceux qui ne l'avaient pas encore réalisé en seront enfin convaincus. Que grâce à cette réflexion que je vous soumets ainsi qu'à la lecture de mon précédent billet, vous aurez vous-même déduis/compris que le risque de souffrir est proportionnel au bonheur qu’on aura connu et qu’il est donc, paradoxalement, à souhaiter et non à fuir, qu'il représente un bienfait et non un danger.
- Faire preuve de réalisme sans pour autant être pessimiste pour éviter les déceptions (amortir les coups). S’engager sur le terrain de l’amour en imaginant que tout sera toujours rose est irréaliste, tôt ou tard cela ne marchera plus. Accepter cela avec réalisme (qui n’est pas antinomique avec l’optimisme) c’est déjà anticiper et cela permet d’amortir considérablement la douleur en cas de déception.
Défense :
- Renforcer sa résistance (pour rester dans mon analogie) non pas en restant à distance de l’autre mais simplement en ne sur-investissant pas dans cette potentielle relation, et surtout pas trop tôt.
Bien des gens confondent les termes "s'endurcir" avec "se fermer". S’endurcir c’est rester ouvert tout en étant capable d’encaisser les coups. On ne s’endurcit que dans la confrontation, pas dans la fuite. Il est impératif de laisser l’autre pouvoir vous atteindre (positivement dans l’idéal), laisser la porte ouverte à quelque chose de beau même si cette ouverture peut bien évidemment laisser passer les coups aussi. Cependant, aucun coup n’est mortel surtout lorsqu’on y est préparé.
"Anticiper" ne doit pas non plus être confondu avec "être sur la défensive" ou "dans la méfiance". Anticiper veut simplement dire, garder à l’esprit que tout est toujours possible. Possible mais en aucun cas mortel. Cela évite les désillusions et contribue au non sur-investissement.
De cette façon, si une relation prend fin rapidement (car il n’y a jamais aucune garantie que cela marchera, ni combien de temps cela durera), la rupture ne nous ébranlera pas (ou pas trop). Cela passe aussi par la capacité à ne pas sur-évaluer les enjeux. Il faut rester léger. Après tout, on a rien à perdre et si la relation se "casse la gueule" rapidement on sera juste revenu au point de départ, ce qui n’est finalement pas bien grave tant qu’on conserve la force et l’envie de recommencer.
Le pire qu'il puisse arriver c’est justement d’investir trop vite, trop intensément, en plaçant des enjeux élevés là ou il n’y en a aucun et de se retrouver K.O à la première déconvenue nous ôtant par la même toute envie de se jeter à l'eau à nouveau.
Mental :
- Ne pas laisser le souvenir de nos expériences passées (forcément terminées par une rupture sinon nous ne serions pas en train d’essayer de nous lancer dans une nouvelle histoire) prendre le dessus et nous saper le moral. Ça n’est pas parce nos histoires passées ont connu une fin qu’elles doivent être considérées comme des échecs pour autant et nous remettre en question dans notre capacité à construire un bonheur à deux.
Toute histoire a une durée limitée dans le temps, donc la voir se terminer un jour n’est en rien un échec, c’est juste quelque chose de normal. Le seul échec c’est l’incapacité à vivre une histoire et non vivre une histoire qui connaitra une fin.
- Mettre de côté les pensées négatives qui vous amène à aborder une nouvelle relation comme un échec à venir. Arriver perdant sert rarement les vainqueurs.
- Dans la partie "mental" je veux aussi insister sur la question des enjeux. Il faut bien se dire qu’il n’y a aucun enjeux ! Placer un enjeu, c’est juste se mettre de la pression pour rien et la pression est le pire ennemi des relations amoureuses. J’imagine bien que pour quelqu’un qui a terriblement envie de se retrouver à nouveau en couple et amoureux, l’horizon d’une potentielle histoire représente quelque chose d’important mais il est absolument nécessaire de relativiser. Plus on place d’enjeux plus, lorsque le but n’est pas atteint, on se sent nul et frustré, plus on perd de la confiance en ses capacités, de la confiance en soi. Cela finit par avoir un impact non seulement sur la relation présente mais aussi et surtout sur les relations à venir.
Les enjeux (trop grandes attentes) ne servent à rien !
Vous allez me dire : "OK" ce que vous dites est logique, mais comment faire concrètement ? Se dire "il n’y a pas d’enjeu, je vais rester zen" ne suffira certainement pas.
Je vais y venir, pas d’inquiétude. Je suis le premier à détester qu’on me donne des conseils inapplicables en l’état (du style "il faut se calmer" - je ne suis pas débile, je sais qu’il faut que je me calme, mon problème c’est que justement je ne sais pas comment !)
Pour diminuer les enjeux il faut d’une part se raisonner, faire la part des choses, parvenir à se persuader intimement (pas juste se le dire) qu’on n’a fondamentalement rien à perdre donc qu’un "échec de la tentative" n’est en rien un échec mais simplement un retour au point de départ, une expérience de plus qui nous renforce.
Et d’autre part il ne faut pas sur-investir. C’est à dire qu’il ne faut pas faire tourner tout son univers autour de la nouvelle relation, ne pas lui accorder plus d’importance qu’elle n’en a réellement, ne pas tout miser sur elle. Pratiquement, cela passe par le fait d’avoir d’autres centres d’intérêts dans la vie et d’autres sources de plaisir que cette relation. Cela veut dire cultiver des amitiés, des passions matérielles, des activités physiques et intellectuelles, développer une véritable vie sociale (sorties, amis), se fixer des objectifs dans d’autres domaines que l’amour. En faisant ceci, la perspective d’une nouvelle relation ne prendra dans notre vie que l’importance qu’elle a vraiment, c’est à dire une importance toute relative et il sera toujours temps de lui en accorder plus quand cette relation sera déjà solide.
Lorsqu’on entreprend quelque chose dont l’issue nous est égale parce qu’on sait que, quelle qu’elle soit cela n’aura pas le moindre impact sur nous (conséquence positive ou négative), c’est à dire exempte du moindre enjeu, on l’aborde en général avec une totale "zenitude".
Zen : Je me lance dans une nouvelle relation, mais j'accorde à celle-ci a une place toute relative car j’ai déjà une vie bien remplie à tous les niveaux. Je vais me donner les moyens que ça marche, et si la relation aboutit, c’est très bien, si elle meurt dans l’oeuf, ça n’est pas bien grave, je n’ai pas attendu après elle pour construire mon bonheur. Il se présentera bien d’autres opportunités et je finirai forcément par trouver chaussure à mon pied. Si la relation se développe, qu’elle devient sérieuse et s’étend sur des années, je lui accorderai encore plus de place et je sais bien qu’alors, si cela s’arrête j’en souffrirai certainement mais dans l’intervalle j’aurai été très heureux.
Ici le discours est "cool". Avec un tel état d’esprit on met clairement toutes les chances de son côté. Aucun enjeu, aucune pression.
Pas Zen : Je me lance dans une relation et lui accorde une importance maximale dès le départ en me disant que si ça marchait j’aurai enfin un but dans ma vie, je pourrai enfin construire un univers affectif, faire des projets, j’aurai enfin quelqu’un avec qui sortir, voyager, partager des choses, quelqu’un qui me ferait oublier mes problèmes, ma solitude et mon chat, je pourrai enfin avoir des enfants. L’enjeu est énorme : être enfin heureux. Si cela ne fonctionne pas, si l’autre me rejette, je retournerai dans ma misère et finirai ma vie seul(e) et désoeuvré(e). Ce sera une catastrophe, un nouvel cuisant échec, je ne m’en relèverai jamais.
A ce compte là, effectivement, on risque d’avancer la peur au ventre dès le premier regard échangé. La pression est maximum et le pire c’est que l’autre (votre potentiel partenaire) va lui aussi la ressentir tant elle pèsera indirectement sur ses épaules (ce qui ne jouera sans doute pas en faveur de la relation elle-même qui risque de s’éteindre avant même d’avoir commencée).
Pour terminer sur le sujet de la bonne attitude je dirais qu’il faut, tout comme le sportif, s’entrainer régulièrement, c’est à dire ne pas hésiter à se confronter régulièrement à la perspective de la relation amoureuse. Multiplier les rencontres, les occasions, fréquenter diverses personnes en même temps jusqu’à ce que l’une d’elle fasse émerger la potentialité de quelque chose de bien. Se frotter à ce que l’on considère aujourd’hui comme un échec pour lui retirer tout caractère négatif et conserver une certaine confiance en soi.
Attention, ne pas se focaliser sur un seul but, ne pas sur-investir, ne pas placer d’enjeux, ne veut pas dire non plus s'éparpiller, courir mille lièvres à la fois, n’accorder d’importance à aucune relation au départ, les traiter toutes par dessus la jambe. Agir ainsi est une forme de fuite, rappelons-le. Il ne s’agit pas de passer d’un extrême à l’autre vous l’aurez bien compris.
IV - CONCLUSION
Même si l’Amour et le Bonheur finissent toujours par aboutir à de la peine et un certaine souffrance comme nos l’avons vu dans mon précédent billet, redouter cette souffrance au point de l’assimiler à un danger est irrationnel.
Il faut prendre conscience que si on souffre un jour de la perte de l’Amour c’est d’abord et avant tout le signe qu’on aura connu cet Amour, par conséquent que notre peur de cette souffrance est infondée car cette souffrance est synonyme de bonheur et non de danger.
Il est impératif d'être bien conscient que le danger redouté est imaginaire pour comprendre que la peur qui en découle étant irrationnelle, elle ne peut donc jamais être vaincue par la fuite ou la sur-protection.
Il est nécessaire de se confronter régulièrement à de potentielles relations amoureuse en s’ouvrant véritablement à l’autre tout en restant conscient de la possibilité (non létale) que la relation n’aboutisse pas, sans y placer d’enjeux et sans sur-investir au départ afin d’atténuer l’impact sur notre motivation à recommencer plus tard, ailleurs le cas échéant.
Saisir la chance d’être heureux/amoureux un jour au risque d’être de temps en temps un peu déçu(e) que cela n’arrive pas forcément là et quand nous l’aurions souhaité.
Voilà à mon sens les seules choses à faire pour se libérer un fois pour toutes de cette peur stupide et tétanisante et conserver sa foi dans un avenir où l’amour trouvera à nouveau sa place dans notre vie.
Ajouter un commentaire
COMMENTAIRES
1. Le mercredi 21 janvier 2015 à 16:06, par mymi
2. Le mardi 17 février 2015 à 10:21, par luna
3. Le mardi 17 février 2015 à 18:59, par Kimyl
4. Le vendredi 13 mars 2015 à 13:24, par laurymc
5. Le jeudi 9 avril 2015 à 18:28, par Raoul Caisse
6. Le mercredi 15 avril 2015 à 00:46, par Olfa
7. Le lundi 22 juin 2015 à 16:09, par meladriel
8. Le mardi 25 août 2015 à 12:51, par martha75